Pen = bout, extrémité, tête ; ilis = église, chapelle
Si « pen » est une mutation de « men » = pierre
Curieux de constater que la traduction d’un lieu-dit nous intrigue parfois et nous amène à de multiples questions.
Seule une recherche historique approfondie pouvait confirmer ou infirmer ces traductions théoriques. Y a-t-il eu un édifice religieux à cet endroit qui est tout de même proche de la chapelle du Perguet, laquelle se dressait déjà depuis bien longtemps ? Si oui, qu’est-il devenu ? De quelle extrémité peut-il bien s’agir ? Y avait-il une pierre remarquable à proximité, voire une pierre sacrée ?
C’est à la dernière question qu’il est le plus facile de répondre. La stèle de Pen-illis est inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis 1968. Ainsi, si Pen-Illis fait référence à une pierre remarquable, il y a de fortes chances pour qu’il s’agisse de cette
authentique stèle gauloise.
Les deux proéminences au sommet de la stèle pourraient signifier qu’elle fut christianisée. La recherche sur des cartes anciennes met en évidence que le lieu-dit Pen-Illis était de création relativement récente.
Une chapelle aujourd’hui disparue se trouvait là.

Sur cette carte de 1820, il est fait mention de la chapelle St Révérend. Voici la vue satellite des lieux aujourd’hui.

Elle se trouvait associée à un manoir également disparu qui appartenait au seigneur de Lanryon. Notons au passage que la dénomination de « Lanryon » ne figure plus dans la toponymie fouesnantaise mais elle est restée longtemps associée au lieu-dit « Le Porz ». Dans le cadre des mesures destinées à résoudre la crise financière qui engendra la Révolution de 1789, les biens appartenant à des nobles émigrés purent être saisis par l’État et vendus comme biens nationaux. C’est le cas de la chapelle St Révérend. Cet acte de vente nous donne quelques précieuses indications.
« Sur un placître près de Penanilis, une vieille chapelle couverte en ardoise et presque en ruine […] ; son placître sans talus au Nord, levant et couchant d’icelle, dans lequel se trouvent quatre vieux chênes creux et une pierre longue et debout ; contenant 5 cordes et donnant de tous endroits sur terres du dit Penanilis. »
Il semble également que la chapelle ait eu une forme rectangulaire d’environ 12 m sur 4,50 m. D’entretien trop onéreux, elle fut détruite dans le courant du XIXè siècle. L’acte évoque assez clairement la stèle gauloise située dans l’enceinte même du placître ; ce qui suppose qu’elle ne soit pas actuellement dans son emplacement d’origine.
Nous avons à ce sujet le témoignage fort instructif de Alain Lennon qui a passé son enfance à la ferme de Pen-illis.
« Camouflé par les ronces et le lierre, la stèle était tombée dans l’oubli mais un jour de l’année 1955, une tempête emporta une partie du rideau de végétation et le monolithe réapparut. Mon frère et moi décidâmes de nettoyer le monument et de planter des fleurs autour. Cette mise en valeur redonna à la stèle une certaine notoriété. En 1966, l’élargissement et la construction d’une nouvelle route obligea la municipalité de Fouesnant à déplacer le monument.
Il fut posé à l’endroit où il se trouve aujourd’hui. »
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Son classement aux monuments historiques n’intervint que deux ans plus tard…dommage ! 
Il est aujourd’hui caché dans une haie de cyprès.
Alain Lennon nous signale également qu’un cimetière a été identifié dans le haut de la prairie située de l'autre coté de la route au sud de la stèle. Il est assez vraisemblable que cet article sera donc enrichi par la suite.
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Document : Arnaud Le Page - Source Alain Lennon
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