New-yorkaise d'origine portoricaine, Lisa Marin ne regrette pas son choix. Le choix de vivre en terre bretonne, une terre qu'elle honore...
Depuis la rentrée de septembre, Lisa Marin enseigne l'anglais à l'école Diwan du Relecq-Kerhuon (29). Elle a encore un petit accent. L'accent de Manhattan, où elle a grandi aux côtés d'un père directeur d'un centre hospitalier et d'une mère fan de stylisme. La brune Lisa Marin a les yeux qui pétillent et la générosité de ceux qui aiment transmettre aux autres. C'est à l'université de New York qu'elle s'est familiarisée avec la langue de Molière.
Choc des cultures
«Pour les Américains, le français est la langue chic par excellence», assure-t-elle. «Les Français savent exprimer la beauté, tout en restant naturels». Complaisante, Lisa?.... Un peu certainement! Elle étrenne son diplôme de langue et civilisation françaises dans une école ukrainienne, puis dans deux lycées new-yorkais. «L'enseignement est un métier qui ne paie pas, mais qui est très enrichissant». Sa rencontre, en 1990, avec un Concarnois va donner une autre orientation à sa vie. Celle qui n'a jamais craint l'ailleurs, découvre la Ville Close. L'antithèse de Manhattan. «On peut parler de choc des cultures. À New York, les commerces sont ouverts 24h sur 24. On vit dans l'anonymat le plus complet. À Concarneau, tout le monde me connaissait. J'étais la femme de... et il a fallu que j'organise ma vie quotidienne différemment».
«Goulenn zo ganin»
Cela fait dix ans maintenant que Lisa est revenue à ses premières amours. Fondatrice du Language arts center, elle donne des cours d'anglais, crée sa propre méthode d'apprentissage. L'an passé, elle décide d'apprendre le breton en formation intensive. Parce qu'elle est curieuse de tout, ses formateurs la nomment «Goulenn zo ganin» («J'ai une question» en français). «Apprendre le breton, c'était une façon d'honorer cette terre qui m'a accueillie, d'être en phase aussi avec la biodiversité». C'est cet accueil «sans chichi» des Bretons et cette philosophie de vie basée sur l'entraide qui ont convaincu l'Américaine de rester en territoire celte. «J'ai beaucoup de compassion pour les gens. Ce sont des univers à découvrir».
«Les états abusent de nous»
Polyglotte et femme engagée, Lisa respecte l'intégrité et la façon de penser de chaque peuple. «Certains points de vue sont irréconciliables. L'essentiel est de respecter l'autre». Elle devine que la France n'est pas, dans son essence, un pays capitaliste. «Ce qui est applicable aux States, ne peut l'être forcément ailleurs», analyse-t-elle. «Les états abusent de nous. Nous devrions montrer notre mécontentement en faisant tous et en même temps, une sorte de ?grève de la faim ?, en ne consommant que ce qui nous est strictement nécessaire pour vivre. Nous avons ce pouvoir-là».
Isabelle Calvez - Le Télégramme
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