Queue-de-cheval et petite barbichette... Ce sont les symboles visibles de son indépendance d'esprit et de son goût pour la liberté. Sa passion pour la voile, le beau geste et la matière l'ont conduit naturellement au métier du matelotage. Un métier qu'il exerce au Moros, à deux encablures du port de pêche de Concarneau.
Une mer difficile
C'est son père qui lui fait découvrir la mer, ses beautés et ses dangers. Un père normand qui ne jure que par la Bretagne. Pendant les vacances scolaires, le jeune Julien Barnet apprend à tirer des bords au large de Saint-Briac-sur-Mer dans les Côtes-d'Armor, à choquer les voiles à bord du bateau familial. «On partait parfois deux semaines. On sillonnait la Manche dans tous les sens. J'ai rapidement pris mes marques sur la table à cartes, parce que mon père était parfois un peu trop foufou et inconscient», se souvient le Rouennais d'origine. Ce n'est pas simple de naviguer sur la Manche: les forts courants,
les marées rendent la tâche ardue aux navigateurs.
Le matelotage est un vieux métier
À 19 ans, Julien qui rêvait de devenir skipper professionnel, passe son brevet de patron à la plaisance voile (BPPV) à l'EMA, aujourd'hui le Centre européen de formation continue maritime. Un premier contact avec la ville bleue qui l'enchante comme une sirène. «J'aurais pu me former dans une autre ville maritime, mais la Bretagne m'a toujours attiré». De retour en Normandie, il décroche un brevet d'État de voile et, dans la foulée, un emploi de technicien à la Société des Régates duHavre. Là-bas, il s'initie au matelotage et se passionne pour un métier qui lui apporte désormais des joies énormes. «Le matelotage est un vieux métier, dont les techniques n'avaient jusqu'à présent pas beaucoup évolué. C'est un savoir-faire qui s'acquiert sur le tas. Notre école s'appuie sur les erreurs que nous faisons», affirme-t-il.
Coup de tabac
Aujourd'hui, seul chef à bord de sa petite entreprise, le magicien des épissures développe de nouveaux procédés qui simplifient la vie des marins. Ses clients sont principalement les skippers des Mini 6,50 qui se lancent courageusement à la conquête de l'Atlantique et du Golfe de Gascogne. L'édition 2011 de la Mini-Transat partira de LaRochelle, le 25septembre. À Madère, ville escale, Julien attendra de pied ferme les navigateurs victimes de casse. Pour avoir participé à la Mini-Fastnet et à la Transgascogne de 2007, le mateloteur sait la dangerosité de ces régates. «Dans le Golfe, nous avons essuyé un coup de tabac énorme. Une vingtaine d'abandons, des hélitreuillages... À chaque vague, le bateau pouvait se retourner», se souvient-il. «C'est une expérience personnelle forte. On apprend l'humilité face à la mer. De retour à terre, on se sent vivant. On a envie de vivre».
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Isabelle Calvez - Le Télégramme.
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