Lucienne Grounon a trouvé, à Concarneau, son petit coin de paradis. Membre actif de l'association Écologie et Partage, elle veut améliorer l'ordinaire environnemental des habitants.
Plus qu'une envie, c'est un véritable engagement.
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Photo le Télégramme
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Elle a des souvenirs précis de sa petite enfance passée à Cayenne. Un quartier populaire et gai, le bord de mer et, bien sûr, l'extraordinaire nature verte, la forêt amazonienne qui recouvre plus des trois-quarts du territoire guyanais. Lucienne Grounon se souvient aussi des maîtres, durs et exigeants, qui donnaient des coups de règles sur les doigts des élèves turbulents. On était alors dans les années 70. Comme un relent absurde des années sévères de l'école du début du XXesiècle.
Dans une petite chambre d'hôtel
Parce qu'ils voulaient donner le meilleur à leurs cinq enfants, les parents de Lucienne décident de partir pour la métropole. C'est le Xe arrondissement de Paris qu'ils découvrent alors et sa misère. Pendant dix ans, la famille Grounon vivra dans une petite chambre d'hôtel. Dix ans avant de pouvoir emménager dans un logement HLM des Hauts-de-Seine. «Tous les ans, mes parents qui travaillaient dur, faisaient une demande aux organismes sociaux. Sans résultat», déplore la Concarnoise d'adoption. Le dénuement et le manque d'intimité n'aident pas forcément les enfants à suivre une scolarité normale. Lucienne est rapidement orientée vers un CAP vente. «J'ai perdu trois ans de ma vie», avoue-t-elle. «On n'y apprend rien». Intelligente et opiniâtre, elle prépare dans la foulée un diplôme de secrétaire comptable.
Le 7e art
Mais comme il est difficile de trouver un emploi lorsque l'on est différent! Même diplômée... Grâce à une amie, elle trouve un job dans un cinéma de quartier. Elle vend des friandises aux clients pendant l'entracte. Ses quinze premiers mois furent un enfer. Le gérant de la salle l'humilie, la met plus bas que terre. Mais Lucienne, victime de racisme sert les dents: elle a besoin de gagner sa vie. Tous les dirigeants n'ont heureusement pas les mêmes dispositions. En douze années passées dans le cinéma, elle travaillera aux côtés de sept patrons. Certains lui permettront d'évoluer, lui feront confiance. Lucienne deviendra d'ailleurs assistante de direction, avant de démissionner pour suivre son mari en Bretagne. «Ces années n'ont pas été vaines. J'ai découvert le 7e art et le cinéma d'auteurs, les films asiatiques lents et pleins de sentiments».
Un monde meilleur
À Concarneau, depuis dix ans, elle a trouvé ses marques après un petit passage à vide. «C'est difficile de vivre ici, en hiver, quand on ne connaît personne», assure-t-elle. Aujourd'hui, elle dit «faire partie des murs». Et, bien que discrète, elle a fait sien le combat des écologistes. Comme ses parents avant elle, elle veut un monde meilleur pour ses petits. D'où son engagement politique et un poste de trésorière à l'association locale Écologie et Partage.
Isabelle Calvez - le Télégramme
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