La forge, appartenant toujours à un Louis Le Maoût en 2006, transformée en habitation - Photo Raymonde Le Page
Maman faisait la cuisine dans la cheminée, on mangeait de la viande grâce aux cochons que nous élevions et que l'on tuait deux ou trois fois par an et toujours du poisson le vendredi. Il y avait un potager dans le jardin pour les légumes. Mon père y avait construit une cabane pour servir de cabinet de toilette, on disposait d'un puits de 13 à 14 m de profondeur. Au-dessus du puits il y avait une manivelle pour descendre un seau, l'eau était très bonne
(l'eau courante n'est arrivée qu'en 1930)
Il y avait également un four pour la ferraille.
-Pour la lessive, on allait au lavoir du Stivel, avec le linge dans la brouette et il fallait remonter la côte avec le linge mouillé our l'étendre sur les haies ou sur le pré. On utilisait les services d'une lavandière. Mme Garrec passait et s'ocupait aussi des coiffes avec le travail long et minutieux d'empesage des collerettes. Elle utilisait des fers que l'on chauffait avec des braises.
Pour dormir, je partageais un lit avec mon petit frère ; mes soeurs dormaient dans une autre chambre au premier étage, les parents dormaient au rez-de-chaussée.
À l'école
Lorsque je suis allé à l'école à l'âge de 6 ans, je ne parlais que le breton et j'ai appris le français avec M et Mme Le Doeuff. Ils n'étaient pas trop sévères sur ce chapitre, bien sûr, il y eut "la vache" sorte de morceau de bois que celui qui avait été surpris à parler breton devait garder dans sa poche et repasser au voisin coupable de la même faute, et le soir, le dernier en possession de la "vache" recevait une punition. En général c'était une simple retenue.
Par contre, on nous demandait l'obéissance et le respect des adultes. Les parents respectaient le maître et soutenaient ses décisions. Le midi, je rentrais déjeuner à la maison, il faut dire que je n'étais pas bien loin puisque l'école était située près de l'église, là où se trouve actuellement la résidence Ty Skol. Ceux qui habitaient trop loin comme à Moulin du Pont, venus le matin à pied, en sabots, ne rentraient pas chez eux ; on leur faisait la soupe dans les trois boulangeries du bourg.
Nous avions classe de 9 h à 12 h 30, puis de.... jusqu'à 16 h 30, mais je ne suis plus très sûr des horaires. Le jour de repos était le jeudi. On allait chercher des nids dans les bois au printemps ou à la pêche dans les étangs.
Dans la cour on jouait aux billes, à saute-mouton, à cache-cache tandis que les filles jouaient à la corde. On apprenait l'histoire, la géographie, on faisait des dictées et des problèmes. Le dimanche on allait à la messe : il y avait celle de 7 h 30 et celle de 10 h. J'ai été enfant de choeur de 8 à 12 ans. Le recteur, M Henry, habitait au presbytère à "Maner Traon" situé près du lavoir. J'ai passé et réussi le concours de bourse d'études à Quimper à 11 ans, c'est-à-dire en 1929. Pour l'époque, c'était quelque chose de très important car cela signifiait que l'on pourrait continuer ses études gratuitement, sinon on devait aller travailler après le certificat d'études
que j'ai passé avec succès à 12 ans.
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Apprentissage professionnel
Je suis parti à Guisseny, dans le Nord-Finistère, à l'école des apprentis mécaniciens-ajusteurs pour apprendre un métier. Je suis revenu à la forge pour aider mon père pendant deux ans, il y avait beaucoup de travail car on ferrait les chevaux et comme sur Pleuven, il y avait une cinquantaine de fermes, on ne manquait pas d'ouvrage.
Mon père avait commencé à vendre et entretenir les vélos.
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Engagement dans la marine
En 1934, j'ai signé un engagement de 5 ans dans la marine et passé un concours pour entrer à l'école des mécaniciens de Lorient. Deux ans après, à 18 ans je suis parti à l'école des mécaniciens de la zone navale de Rochefort, pendant 7 mois, où j'ai obtenu le brevet de mécanicien de la zone navale en 1937.
En 1938, à 20 ans, j'ai embarqué sur les vedettes rapides lance-torpilles à Cherbourg. On naviguait dans la Manche jusqu'à Dieppe. Je me souviens que pour le 14 juillet 1938, vous avons remonté la Seine depuis dle Havre, puis Rouen jusqu'à Paris. Cela a duré 3 mois ; on dormait dans les casernes pendant qu'un tour de garde était assuré à quai sur la vedette.
Le lance-torpille
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Avec des camarades à Cherbourg
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J'ai quitté Cherbourg fin 1938 pour Rochefort, puis direction Hyères pour la Base Aéro-Navale où j'étais affecté comme mécanicien sur les hydravions. Il y avait des "Latécoères" qui volaient à 200km/h, des "Le Cams" qui volaient à 180 km/h alors que les "Messerschmitt" allemands volaient 500 km/h.
Le "Latécoère"
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Le "Dewatine"
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À la base d'Hyères on volait sur des "Spitfires" anglais et des "Dewatine" français qui ont été utilisés
durant la guerre de 39/45.
Le 1er octobre 1940, j'étais envoyé au dépôt de Toulon. Nous avions le choix entre rentrer chez nous ou embarquer sur le navire hôpital Canada, ce que j'ai choisi. Nous avons passé le détroit de Gibraltar en direction de Liverpool, Clasgow, Belfast pour prendre des réfugiés blessés et les ramener à Toulon où nous étions de retour le 19 février 1941.
Navire hôpital"Canada" sur lequel j'ai embarqué en 1940.
Retour à Pleuven
J'ai été libéré le 1er juillet 1941 à Toulon. On ne pouvait plus partir pour l'Algérie comme mon frère Louis était prisonnier, je suis revenu pour donner un coup de main à mes parents. Je suis rentré dans la résistance en 1943, chez les FFI. J'ai été rappelé fin septembre 1944, après la débâcle des allemands, pour être instructeur mécanicien à l'école aéro-navale de Lartigue au sud d'Oran en Algérie.
Mariage de Caroline Morvan et Louis Le Maout en 1945
Je suis revenu en France en 1945 et je me suis marié cette année-là avec Caroline Morvan, que l'on appelait plus couramment Line. Nous nous fréquentions depuis 1943 et avons été mariés 55 ans. Line nous a quittés le 12 mars 2000. J'ai acheté ma maison actuelle en 1949 où j'ai tenu mon commerce de cycles jusqu'à ma retraite.
Récit recueilli et écrit par Raymonde Le Page - diffusé dans "Foën Izella"
Je la remercie pour l'autorisation qu'elle m'a accordée de publier dans mon site le récit de la vie d'un homme de ma famille.
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Foën-Izella : l'évolution de Fouesnant de 1900 à 1970 - Fouesnant
mardi 29 décembre 2009
L'Association Foën-Izella évoque dans son dernier bulletin, tout juste mis à disposition, l'évolution du bourg de Fouesnant entre les années 1900 et 1970. L'occasion pour Jean-René Canevet de rappeler « l'immobilier galopant mitant le bocage fouesnantais, les zones commerciales qui se multiplient à la périphérie du centre-ville... » 3 500 habitants à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Fouesnant est devenu une ville comptant plus de 10 000 habitants.
La série de photos permet de passer en revue la vie locale : sortie de messe le 15 août 1901, cérémonie dans les années 1920-1930, le quartier de la route de Mousterlin, le haut du bourg et la place de l'église dans les années 50, etc. S'y ajoutent cartes postales et photos aériennes qui soulignent l'aménagement du territoire communal : évolution de l'urbanisme, création de liaisons routières.
À partir de documents personnels, de photos de presse dont celle d'Ouest-France, Jean-René Canevet illustre ce que furent les vacances fouesnantaises du Président de la République, Georges Pompidou. Des séjours familiaux en Bretagne sur les conseils de Mme de Gaulle, qu'il a passés à Kernaëret, durant les mois de juillet de 1965 à 1973. Mêlé à la population estivale, il s'adonne aux bains de mer à Cleut Rouz, se balade aux Glenan.
Keranguyon à Bénodet. L'historique de la ferme de Kerstrat-en-Guyon établi par René Bleuzen commence en 1929, par un contrat de mariage dressé à l'étude notariale : Vincent et Anne-Marie Louedec cédaient leur ferme à leur fils Vincent. En 1945, les terres sont vendues à M. Saintomé, un industriel du Nord de la France... Le rédacteur rappelle l'intérêt de la municipalité pour acquérir la ferme de Keranguyon, l'aménagement des anciens bâtiments en lieu d'exposition jusqu'en 1977, avant leurs mises à disposition à l'amicale des anciens de la commune.
Patrimoine. Pierre Hervé nous plonge dans nos racines avec un texte en breton, et des poèmes de Per-Jackes Hélias, alors que Jean Varenne reprend une chanson Gouesnachaise des années 1880. La fête des commères (marraine) est liée à une naissance dans le quartier de Kersuel-Vian : e Kersual-vian a oan bed a fest gommerezet ; Krampous friteted e mao bed ha bouelon dislostet... Autre sujet, le rappel des journées du patrimoine à Chohars-Fouesnant.
Foën-Izella, bulletin disponible auprès d'Yvonne Nicolas. Contact : tél. 02 98 57 22 73.
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